Pourquoi un manuel de facilitation ?

On peut s'interroger sur la raison qui m'a conduit à construire un manuel de facilitation plutôt qu'un guide de solutions de transition.

Il y a plusieurs raisons, mais qui me semblent assez simple, bien que les conséquences soient importantes pour l'ouvrage.

Pourquoi préférer un manuel ?

En matière de théorie du changement, il est connu que les gens changent plus facilement lorsqu'ils ont compris le changement demandé et qu'ils sont d'accord avec ce qui est demandé. Et la meilleure manière de s'assurer qu'ils aient compris et qu'ils acceptent les idées... c'est qu'ils les aient conçues eux-mêmes !

Si nous avions voulu réaliser un manuel de solutions, nous serions tombés deux écueils principaux :

  • non appropriation des solutions par les personnes censées les implémenter ;
  • fort risque d'inadaptation des solutions aux situations particulières des personnes (il y a autant de situations différentes que des personnes, car cela dépend de leur situation personnelle et de leur état d'esprit)

Il n'est pas possible pour une personne (un auteur de livre de solutions), ni même un groupe de personnes, de connaître les cas particuliers des milliards d'être humains de la planète selon leurs situations sociologiques, géographiques, économiques et culturelles, ni même de l'ensemble des citoyens d'un pays, ou d'une biorégion. C'est une question à la fois de variété requise (un petit groupe n'a pas la variété d'un plus grand groupe de part la complexité des cerveaux humains, du nombre de ces cerveaux, et des interactions de ces cerveaux entre eux et entre eux et le monde extérieur à ce groupe) et d'adaptation des personnes impactées aux solutions à mettre en place. Dans ce dernier cas, on parlera d'ailleurs plutôt de couplage structurel, soit le fait que les participants conçoivent les solutions à leur image et celles de leurs situations individuelles et collectives d'une part, et que ces solutions les influencent en retour en leur permettant de voir leur situation sous un angle divers d'autre part (adaptation des personnes aux solutions et vice-versa: des solutions aux personnes. Ou l'inverse).

Quelles conséquences ?

Les conséquences de ce choix sont importantes : il n'est plus alors question de rédiger un catalogue de solutions (qui auraient été inadaptées pour les raisons vues ci-dessus), mais de construire un guide qui permettra à une personne (un facilitateur d'ateliers), de suivre un mode d'emploi (le manuel), lui décrivant des animations à réaliser, conçues à partir de méthodes systémiques, qui permettront aux participants de ces ateliers à la fois de construire les solutions qui formeront leur plan de transition, et qui devra les mettre dans l'état d'esprit propice à l'implémentation de ces solutions qu'ils auront eux-mêmes co-construites.

Les méthodes systémiques utilisées ont été sélectionnées et assemblées de manière à s'assurer que les participants, sous la guidance du facilitateur, se poseront des questions :

  • permettant d'étudier et transformer l'ensemble des éléments des systèmes composant la société ;
  • de repenser leurs interactions ;
  • en n'oubliant rien ;
  • en s'assurant de l'applicablité des solutions ;
  • ainsi que de leur pertinence au regard des enjeux : assurer la viabilité des différentes sociétés humaines maintenant et à l'avenir, face aux limites identifiées (planétaires, énergie et monopole radical... à voir dans un prochain article 😉)